Tout chant dont la valeur expressive n'égale pas celle du silence est à proscrire. (Joseph Samson)

Nous vous proposons cette Intervention de Joseph Samson au Congrès de Musique Sacrée à Versailles en 1957

(Samson était Maître de Chapelle de la cathédrale de Dijon, il mourut dans les jours qui suivirent) 

On lit, dans la vie du Père Lebbe, la petite histoire que voici : sœur Gamay, assistant aux cérémonies religieuses de son couvent, ne chantait jamais. Mais entre les offices, elle entrait à la chapelle, et on l'entendait chanter. Et si on lui demandait pourquoi elle chantait quand le monastère n'était pas là, elle répondait : "C'est pour faire rire le Bon Dieu". "Faire rire le Bon Dieu" : sommes-nous sûrs, chers Messieurs, d'avoir toujours poursuivi un idéal aussi relevé ? Pas besoin de se poser la question ni de s'inquiéter : Dieu est sourd ! Si Dieu n'était pas sourd, comment s'expliquerait-on que Lui, Dieu, puisse assister à une grand-messe chez nous chaque dimanche ?...

Si le chœur, quel qu'il soit, n'introduit pas à l'office plus de vie spirituelle, que le chœur se taise.
Si le chant du chœur n'est pas pour les fidèles une nourriture, du pain... que le chœur sorte.
Si le chant des fidèles n'apporte pas à l'office plus de vie spirituelle, que les fidèles se taisent.

Tout chant dont la valeur expressive n'égale pas celle du silence est à proscrire.

L'Art, dans la célébration cultuelle, n'est jamais nécessaire. Une messe dite dans une cabane en planches a autant d'efficacité rédemptrice que célébrée dans la cathédrale de Chartres. Mais si l'art intervient, ce ne peut être que pour introduire dans la cérémonie un principe de qualité par où s'exprime l'Amour. Point essentiel qu'on ne soulignera jamais assez : La qualité dans l’œuvre d'art est l'expression de la Caritas.

Joseph Samson au Congrès de Musique Sacrée de 1957

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