26 Juillet 2013
Délaissé par les organistes, associé par Fernand Raynaud à "Mademoiselle le Long Bec", épave souvent lourde et encombrante que l’on trouve encore dans les églises "de campagnes", l’harmonium a pourtant connu son heure de gloire dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Fruit d’une grande ingéniosité, c’est un instrument "naturel", bien meilleur "accompagnateur" que n’importe quel orgue numérique moderne. Il est capable d’une grande musicalité. Sa mauvaise réputation est sans doute due à son caractère expressif qui, mal maîtrisé, peut donner un son "poussif". Le seul argument qui a pu sauver souvent "accidentellement" un harmonium de la benne à ordures, c’est son poids ! Le meuble est relativement modeste mais son déplacement n’est pas à prendre à la légère ! Il s'apparente à l'orgue par son principe des registres de différentes sonorités. Sa réserve d'air est alimentée par une pompe à pied. Le son est produit par la vibration « d’anches libres ». Une anche est une languette flexible dont les vibrations produisent un son dans un résonateur. C’est le cas pour la clarinette, le saxophone, ou le hautbois. L’anche libre fonctionne de la même façon mais sans le résonateur. Ce procédé économe en place et permettant une grande expressivité est aussi celui de l’harmonica ou l’accordéon. Les prémices de l'harmonium se trouvent dans un instrument construit en France par Grenié au début du XIXe siècle. Dérivé de l'orgue-expressif de Grenié, l’harmonium fut inventé par le Français Alexandre-François Debain (1809-1877) qui le fit breveter en 1842. Jakob Alexandre (1804-1876) et son fils Edouard (1824-1888) avec Auguste Victor Mustel (1842-1919) et Alphonse Mustel (1873-1937) mèneront l'instrument à son point de perfection. Petit bijou de technologie, se dotant même d’un célesta, en proie à un marketing acharné et à une imagination fertile, l’harmonium a tenu jusqu’à l’arrivée de l’orgue analogique puis électronique un rôle « d’orgue de substitution » dans les petites églises ou dans les salons. L’harmonium est un instrument à part entière. Un répertoire a été écrit spécifiquement pour lui (Berlioz, Bizet, Franck, Langlais …). Il a été aussi utilisé parfois dans des ensembles. Citons Rossini avec la Petite Messe Solennelle (chœur, harmonium et piano), ou Richard Strauss dans son opéra Ariane à Naxos.